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Ils étaient bien beaux les moulins de Lassithi. Il y en eut, dit-on, jusqu’à 10 000, qui magnifiaient ce plateau situé à l’Est de la Crète. L’arrivée était spectaculaire : au milieu des arbres fruitiers, des vergers et des potagers, virevoltaient  au vent des myriades d’ailes au blanc éclatant. Tournées en permanence vers Eole, les pales surmontaient divers édifices : petits bâtiments de forme ronde ou semi-ovalaire en pierre brute, tourelles  recouvertes de cette chaux qui sied si bien à la Grèce, ou  constructions métalliques  plus ou moins complexes. Lassithi était un immense tableau animé dont la montagne crétoise eût constitué le cadre.

Les premiers moulins avaient été édifiés au XIIIème siècle, sur ce plateau venté et  marécageux,  par les vénitiens que la construction sur sols boueux et instable ne pouvait rebuter. Leur rôle était de pomper l’eau pour irriguer cette plainealluviale particulièrement fertile. La collaboration exemplaire d’Apollon, Eole et Déméter fit de Lassithi un jardin luxuriant, fournissant à profusion pommes, pêches, poires, olives, et légumes  dont l’omniprésente pomme de terre à la culture de laquelle était principalement destiné le dispositif.

Il était normal et inévitable que le progrès passât par là. La beauté des éoliennes masquait leurs insuffisances et les contraintes qu’elles généraient. La profondeur maximale d’où pouvait être extraite l’eau par ces systèmes était de 8 à 10 mètres quand d’importantes nappes étaient à 15 mètres, nécessitant le recours de pompes à moteur. Surtout, l’entretien de ces moulins, le maniement des pales et le repositionnement des voilures par grand vent s’avérait un exercice difficile. Rapidement, à partir des années 70, les belles éoliennes se raréfièrent, remplacées par des pompes à moteur. Pour tenter de préserver l’identité du plateau et de son patrimoine, des responsables locaux décidèrent d’en restaurer quelques unes, aidés en cela par le savoir des plus anciens. A Lassithi, quelques moulins sont donc réapparus, dont on installe les voilures en été lorsque les touristes arrivent.

Mais la crise est là et les préoccupations écologiques l’accompagnent. La Grèce, comme tout pays moderne a besoin d’énergie. Il n’y a plus guère de vallées à inonder pour fournir la houille blanche et les centrales thermiques coûtent cher en pétrole et dégagent des gaz à effet de serre. Alors, imitant en cela bien d’autre pays les Grecs ont  installé sur le grand plateau venté d’immenses éoliennes qui fourniront une partie de l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement des pompes électriques, dont l’arrivée fut fatale aux petits moulins à vent de Lassithi.

 

Osa perni o anemos…

 

Jean-François Schved

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Jean-François SCHVED Hématologue Écrivain CHU Montpellier Hématologie
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Jean François Schved Écrivain Hématologue Professeur au CHU Montpellier

Schved Écrivain Hématologie CHU Montpellier Plongées Voyage Harmattan Glyphe Hématologue

Jean-François SCHVED Professeur  Écrivain Hématologie CHU Montpellier 

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