Le Pirée ou tout autre port grec. Un bateau s'en va, un autre arrive. Les bateaux sont blancs, ou bleus, ou bleus et blancs, du moins les deux couleurs emblématiques y prédominent. Mais depuis quelques années, une autre couleur a fait irruption dans les ports grecs: le rouge. Violent, incongru, lourd. Le rouge criard et tache de ces bateaux aux flancs largement tatoués d'une marque d'opérateur téléphonique.

 

Des bateaux '? Sont-ce encore des bateaux ces gros engins profilés comme des "Formule 1" pour permettre aux passagers de passer une ou deux heures de moins sur le bleu superbe de l'Egée ?

 

Il fut un temps où en Grèce seule la lune était rouge, en chanson du moins. En ce temps là, les bateaux portaient des noms de divinité, de héros légendaires ou historiques. Fini tout cela. Tout comme les légendaires Pen Duick ou Manureva qui ont laissé place à des marques de cassoulet ou à des noms de promoteurs immobiliers, les bateaux grecs ont perdu leur identité et portent des noms le plus souvent anglais, le mot star y est bienvenu, et qui doivent évoquer la rapidité: siga, siga, en grec se dit maintenant speed, speed, speed. Et pour aller plus vite, ils ne flottent plus: ils volent. Même les dauphins volent!

 

Prends garde Poséidon que ces rutilantes galères au confort d'autobus qui confèrent au périple égéen l'ennui d'un vol transatlantique ne déteignent un jour sur tes flots bleus.